C’est une fois bien installés dans notre nouvelle maison que nous avons pris la décision de fonder notre petite famille. En octobre 2013, nous apprenons la bonne nouvelle, nous serons enfin parents en juillet. Un rôle que nous avions hâte de jouer et une fois la petite graine d’espoir bien accrochée, nous avons commencé à rêver et à planifier son arrivée. J’ai vécu une très belle grossesse au repos à la maison, aucun maux de cœur, très peu de fatigue, quelques sautes d’humeur, mais rien de bien dramatique! Une belle bedaine que j’aimais flatter le soir sur le divan. Un bébé qui bougeait beaucoup lors des échographies. « Un petit homme avec des mesures parfaites », nous a dit la gynécologue lors de la deuxième échographie. Tout se passait à merveille jusqu’à la 26e semaine.
Un bon samedi d’avril, mon conjoint et moi sommes allés au salon de la maternité de Montréal pour faire quelques petits achats avant l’arrivée du bébé. À la fin de cette longue journée, des contractions intenses et rapprochées se sont fait sentir… J’étais inquiète, alors dès notre retour en ville, nous sommes allés à l’hôpital et l’infirmière, après vérifications, nous a confirmé que tout était normal. On entendait le cœur du bébé et mon col était bien fermé. De retour à la maison, c’est le repos complet.
Mais dès le lendemain, les contractions reviennent. J’avais de nouveau cette intuition qu’il se passait quelque chose d’anormal alors nous retournons à l’hôpital. Cette fois, à la maternité, ce n’est pas le même discours. Le gynécologue qui m’observe me dit qu’il sent les pieds du bébé et que je vais accoucher dans les prochaines minutes. Il est trop tard pour me transférer vers un hôpital spécialisé. Une chance que mon conjoint était là pour m’aider à gérer la panique qui montait en moi. J’ai donc accouché dans une salle d’observation après 3 petites poussées le 14 avril 2014.
Notre petit Édouard est arrivé par les pieds bien au chaud dans sa poche. Il était si petit, mais il criait déjà très fort.
Toute une équipe de spécialistes l’a immédiatement pris en charge et l’a transporté en ambulance vers le CHUS. Quelques heures plus tard, j’ai pu aller rejoindre mon conjoint et mon fils à Fleurimont. Des heures qui m’ont paru une éternité, loin de celui que j’aimais déjà. J’étais si heureuse, malgré la crainte, je vivais les plus belles journées de ma vie. Mon conjoint et moi sommes demeurés au CHUS quelques jours. C’est dans cette petite chambre que nous bâtissions nos rêves d’avenir et réorganisions notre nouvelle vie. Tous les examens de notre trésor étaient normaux mis à part une petite jaunisse… Nous allions lui rendre visite à toutes les 3 heures pour lui donner mon lait et prendre de ses nouvelles. Nous l’avons bercé, cajolé, aimé. Il était si fragile.
Puis à la 6e journée, les spécialistes font une deuxième échographie du cerveau et découvrent une hémorragie de grade 4. Le sang se répand maintenant dans toute sa boîte crânienne. Une neuro-pédiatre nous annonce que notre petit Édouard ne pourra jamais voir, entendre, parler, marcher, manger… et que nous devons prendre une décision pour lui.
Une décision crève cœur.
Laisser partir ce que nous avons de plus cher au monde. Laisser partir ce petit battant qui ne cesse de nous surprendre.
Nous avons pris tout notre courage. Nous avons fait baptiser Édouard le jour de Pâques. Nos familles sont venues le rencontrer. Puis, à sa 9e journée de vie, le 23 avril 2014, Édouard est décédé dans les bras de son papa.
Depuis, notre monde a basculé.
C’est avec le temps, le soutien de nos familles, de nos amis et avec l’aide d’intervenants spécialisés que nous avons pu traverser les différentes étapes de notre deuil. Comment refaire confiance à la vie lorsque celle-ci nous a trahis? Comment vivre avec ce manque constant? Comment vivre loin de celui qu’on aime tant?
C’est finalement en l’honneur de notre ange et surtout pour qu’il soit fier de nous que nous nous sommes relevés, ensemble, et que nous avons décidé de continuer notre chemin.
Jamais il ne sera oublié.
Édouard fait partie de nos vies, de notre famille, de notre histoire. Nous aimons parler de lui, c’est la seule façon de le garder vivant près de nous. Nous racontons souvent le récit de son court passage à sa petite sœur.
Veille sur nous petit prince.
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