La plus grande perte, le plus grand deuil de ma vie. Te faire une place dans mon cœur, dans ma tête, plutôt que bien au chaud dans mes bras. Maman ne veut surtout jamais t’oublier, elle veut te garder auprès d’elle toute sa vie et plus encore si possible. Elle espère pouvoir te retrouver un jour pour te bercer à jamais et t’embrasser mon bel amour. Tu me manques, je ressens un si grand vide depuis que tu nous as quittés.
Ton père et moi attendions depuis deux ans ton arrivée. Un long chemin semé d’embûches. Tout a commencé par une fausse couche en novembre 2014. Nous nous sommes rendu compte à la première rencontre médicale de douze semaines d’aménorrhée que notre petit bébé était sans vie depuis la septième semaine environ. Ensuite, il y a eu un long moment d’attente avant que je retombe enceinte. Nous avons enfin eu la bonne nouvelle en octobre 2015, mais en décembre 2015, j’ai fait une fausse couche à neuf semaines d’aménorrhée. Encore une fois, une énorme déception et une remise en question sur nos capacités à avoir un autre enfant.
Et toi, tu es arrivé bien vite au mois d’avril 2016… une heureuse nouvelle, un baume sur nos blessures. Tout se passait à merveille, pas de saignement, un vrai miracle. Maman ayant aidé un peu les choses avec de la progestérone, de l’héparine et de l’aspirine, le tout pour éviter les décollements placentaires. Loin de me douter une seule seconde que tout virerait au cauchemar.
Jeune, j’ai eu une fille, conçue par accident, mais tellement désirée, elle a maintenant 13 ans, ta grande sœur Megan. Ton père et moi avons aussi eu par accident ton grand frère Nolan, il y a maintenant 4 ans. Nous les adorons. Deux grossesses merveilleuses, avec certes des petits saignements, mais rien de grave. Alors pourquoi aujourd’hui, est-ce si difficile d’avoir cet enfant que nous désirons tant?
Pour cette grossesse, nous avons eu un suivi serré. Nous avons fait des échographies à sept, neuf et douze semaines pour voir ton petit cœur afin de rassurer papa et maman et nous l’étions. Maman avait même décidé d’amener les enfants à l’échographie de morphologie à vingt et une semaine le 25 juillet 2016, papa ne pouvant pas être présent. J’étais certaine que tout allait bien. L’échographie fût longue, c’est alors que j’ai compris que quelque chose clochait. Ce fût comme un coup de masse sur la tête. Le monde s’écroulait. La radiologiste marqua sur son papier « présence de pieds bots bilatéraux, petites mains fixes, repliées sur le thorax, dilatation bassinet rein droit à 4 mm, léger épanchement péricardique, non bien évalué ». Je suis repartie avec mes enfants en larmes. Megan a tenté de s’occuper de moi. Pauvre petite, ce n’est tellement pas son rôle…
Nous avons dû attendre une semaine avant de pouvoir en savoir un peu plus. Nous avions un rendez-vous à l’hôpital Ste-Justine, à la demande de notre gynécologue. L’attente, l’angoisse, la fabulation, l’espérance et la fatalité. Personnellement, je crois que je m’étais préparée au pire par instinct. Tes petites mains m’inquiétaient plus que tout le reste. À la suite du suivi avec l’équipe de diagnostic fœtal, le verdict tomba : arthrogrypose aux 4 membres. Le généticien était très inquiet du pronostic. Toutefois, il faut savoir qu’ils n’ont rien trouvé d’autre, pas de trisomie, pas de problème rénal ou cardiaque. Nous ne pouvions pas concevoir de te mettre au monde avec des malformations graves aux bras et aux pieds. Sans grande amélioration possible. Tu comprends mon amour que cela n’aurait pas été une vie pour toi? La vie est tellement déjà difficile pour des personnes en « parfaite » santé. Nous devions également penser à ta sœur, à ton frère et à nous aussi. Ce n’est tellement pas une décision que nous, parents, devrions avoir à prendre. Que Dieu nous vienne en aide…
Ensuite, il y a eu deux semaines d’attente et de réflexion. Nous attendions des résultats, qui sont tous « rentrés » négatifs, mais la réalité était là quand même, tu avais de graves malformations. Pendant ces deux semaines, j’ai pleuré et pleuré. Je pouvais te sentir bouger et te parler. 15 août 2016… Nous avons choisi d’accoucher à Ste-Justine. Par choix, nous ne voulions pas que tu souffres et nous n’avions pas la force de te voir agoniser à ta naissance. Nous avons choisi de te faire partir avant l’accouchement, tout doucement, bien au chaud. Tu es donc décédé le 15 août 2016 et tu es né le 16 Août 2016 à 7:17 le matin, à 23,5 semaines. Papa et moi t’avons bercé et embrassé, nous t’avons collé contre notre cœur à tout jamais…
Tous les jours, maman pleure en pensant à toi. Nous avons un tas de souvenirs de toi, avec de belles photos. Maman a acheté une boite pour conserver tous ces souvenirs. Maman affiche fièrement tes photos prises par une photographe de la Fondation Portraits d’Étincelles dans la maison. Tu es notre bébé, notre ange, notre garçon, au même titre que Megan et Nolan. Nous avons eu trois enfants, dont un parti beaucoup trop tôt….
Marie-Ève, maman de Sheldon, son amour, son ange…
Laisser un commentaire
Vous devez vous connecter pour publier un commentaire.