Coucou je m’appelle Charlize! Charlize Gaulin. Oui j’ai maintenant un nom. Mes parents attendaient de me voir la petite binette avant de choisir celui qui m’irait le mieux!
Je suis toute tranquille collée sur ma maman. Papa m’admire tout doucement, il lui décrit mes petits traits, car elle, elle veut profiter de ma peau contre sa peau, me sentir près d’elle le plus longtemps possible. Comme ma mère m’a tant imaginée, papa lui dit que je suis magnifique, potelée, avec beaucoup de cheveux. Ils sont impressionnés par mes grandes mains toutes douces. Je suis un beau mélange d’eux… j’ai la bouche en forme de cœur de mon papa et j’ai la forme du visage de ma maman. Ils sont fiers de moi, de ce qu’ils ont créé.
Maintenant, laissez-moi un instant pour vous raconter ma petite histoire.
Mardi matin, le 14 mars 2017, je suis maintenant à 39 semaines et 1 jour, toujours au chaud dans le bedon de ma maman. Nous sommes tous les trois collés sur le divan au sous-sol à écouter la télé, en attendant mon arrivée, qui est prévue d’un jour à l’autre. Mes parents profitent du sous-sol qu’ils viennent enfin de terminer pour pouvoir y faire ma chambre. Ils sont fiers de ce qu’ils ont accompli avec amour. Ma maman regarde toujours du coin de l’œil ma chambre et m’imagine y être bien.
Quelques temps après son déjeuner, maman fait part de son inquiétude à papa. Elle dit qu’elle ne me sent pas bouger. Que la dernière fois, c’était hier avant de s’endormir. Habituellement, quand elle boit son café, je donne des petits coups et je gigote… mais aujourd’hui, il ne se passe rien.
Mes parents se sont donc immédiatement dirigés vers l’hôpital dans un silence froid pour en avoir le cœur rassuré.
Mon histoire ne se déroule malheureusement pas comme prévu. L’obstétricienne annonce à mes parents que mon petit cœur ne bat plus. Sachant que mes parents ont déjà deux petites étoiles au ciel et croyant que le malheur était derrière eux, ils n’y comprennent rien. L’obstétricienne a beaucoup d’empathie envers eux, elle les accompagne donc dans ce tumulte. Mes parents n’ont pas le temps de reprendre leur souffle qu’une batterie de tests nous attend pour savoir qu’elle serait la cause de mon départ… espérant peut-être trouver réponse à notre malheur.
Je suis capable de sentir la colère, l’incompréhension, la tristesse de mon papa et ma maman. À ce moment, ils ont aussi eu la lourde tâche d’annoncer à mes deux mamies cette terrible et irréelle nouvelle.
Nous sommes maintenant le 15 mars 2017, près de vingt-quatre heures plus tard. C’est le moment de sortir de mon petit nid douillet, là où je suis si bien, là où nous ne faisons qu’une maman et moi.
Maman dit que ça été la pire, mais aussi la plus belle expérience de sa vie que de me mettre au monde. Même si, dans mon corps il n’y avait pas la vie, ma maman considère que oui, je fais partie de votre monde!
Papa et moi l’avons trouvée tellement bonne et forte! L’accouchement a été rapide et sans trop de douleurs. Mis à part l’extrême douleur dans leur cœur. Et mon papa à moi c’est vraiment le plus fort! Il a été parfait pour aider ma maman. Ils s’aiment beaucoup et ça paraît!
J’ai pu rencontrer mon papy, mes mamies, mes oncles et tantes. J’étais bien dans leurs bras malgré l’énorme peine qui imprégnait la chambre. De magnifiques photos ont immortalisé mon passage parmi vous grâce à la Fondation Portraits d’Étincelles. Quel beau cadeau! Nous avons également passé le reste de la journée ainsi que la nuit collés tous les trois. Ça nous a fait un bien indescriptible. L’espace d’un instant, nous avons eu une vie de famille!
Maman redoutait le moment de me laisser partir, mais mon petit corps lui a fait signe qu’il était maintenant temps. J’ai donné à papa un peu de courage pour convaincre maman de me laisser partir. Après quelques bisous et caresses, je me suis éloignée tout doucement avec l’infirmière en restant à la fois si près de leurs cœurs brisés.
Ça fait maintenant plus de 3 mois que cela est arrivé. Mes parents et ma famille s’adaptent tranquillement à vivre sans ma présence. Ils sont capables d’exprimer, d’évacuer les moments les plus tristes, mais ils sont aussi capables, malgré tout, d’apprécier et de profiter des bons moments. Chaque journée est différente, ce n’est pas facile pour autant. Par contre, ces journées réussissent à faire leur petit bout de chemin afin que la peine laisse place aux souvenirs heureux. Ils travaillent fort pour réussir, c’est à mon tour d’être fière d’eux!
On ne sait toujours pas pourquoi la vie m’a séparée de mes parents et la réponse restera inconnue.
C’est très difficile, mais nous devons accepter que notre relation soit différente et unique.
Heureusement, ça me réconforte de savoir qu’ils sont si bien entourés. Je peux maintenant partir en paix. S’il vous plait, ne m’oubliez pas, car moi, je serai toujours là à veiller sur vous tous.
Car l’amour ce n’est pas quelque chose, c’est quelque part… (Kamikaze | Patrice Michaud)
Votre étoile, votre ange Charlize
Claire dit
Bonjour, je très touchée par votre histoire… tendres pensées à la petite Charlize. Je suis moi aussi en train d’écrire un livre et c’est mon ange qui parle…c’est lui qui me donne la force de poser des mots sur cette douleur… Courage aux parents . Et bisous étoilés de mon ange Paul.