Quand survient la naissance et la mort de Marie-Kerguelen, sa mère exprime combien il lui est difficile et douloureux de réhabiter le monde des vivants maintenant que l’enfant tant désiré est mort. D’une écriture remarquable et émouvante, l’auteur explique comment la courte vie d’une si petite fille, tant attendue, a pu remplir aussi intensément sa vie de mère.
« Il est des événements dont on ne guérit pas.
On les porte en soi pour toujours On croit que le temps passe, qu’il lisse l’effroi.
On croit qu’on a sublimé l’épreuve,
qu’on l’a dépassée, oubliée.
Pourtant, le mal est fait, et, au plus profond de soi, la douleur est intacte.
Le coeur, déséquilibré, ne bat plus pareil.
Une fenêtre est béante, le vent s’y engouffre, la vie s’y dérobe.
On est glacé. On est perdu. Une part de soi s’est enfuie.
On est fragilisé à jamais, en manque pour toujours.
En soi, désormais, quelque chose n’attend plus que la fin.
Il faut peut-être plonger profond pour trouver la source de sa vie.
En laissant ma fille s’envoler, j’ai trouvé une pierre précieuse,
une petite flamme qui s’apparente au cristal de l’âme… »
Gaëlle Brunetaud
La valeur d’une vie ne se mesure pas à sa longueur. Marie Kerguelen, c’est l’histoire de toute une vie, de toutes ces petites vies dont le commencement rime avec la fin. Comment comprendre à quel point l’existence de ces tout-petits, si brève soit-elle, puisse nous laisser indifférents ? Gaëlle Brunetaud nous offre une leçon de courage et surtout une leçon d’amour dont est empreint son combat face à la mort de sa fille. A travers Marie, elle nous fait rencontrer tous les petits êtres qui n’ont pas pu continuer à vivre. Ceux, pour qui la traversée s’est arrêtée bien trop tôt mais qui, malgré cette esquisse de vie, ont droit à tout l’amour et à toute la reconnaissance dus à tout être vivant. Au-delà de la mort, ils nous apprennent à devenir mère et père. Ils nous montrent que l’amour est sans limite, ils nous font grandir à leur façon. Parler d’eux, évoquer leur passage parmi nous, entendre prononcer leur prénom, tout participe à les faire exister aux yeux de ceux qui pourraient en douter. Mais le plus important reste gravé en nous, telle une image résiduelle dont on n’a pas envie de se débarrasser. Leur vie nous a marqué à tout jamais.
Cecile Leclercq, « nos tout petits »
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