Je n’oublierai jamais ce dimanche-là. Ce jour est un peu comme le 11 septembre pour chacun d’entre nous. On se souvient tous de ce qu’on faisait à l’instant du drame du 11 septembre. Mon 11 septembre à moi était en fait le 26 février dernier.
Mon conjoint, qui était à notre maison de campagne, m’envoie un message pour savoir si j’allais venir le rejoindre bientôt alors que j’étais à notre domicile en ville. Je ne sais pas pourquoi, mais j’étais incapable de bouger. Je n’avais même pas eu la force de m’entraîner ou de faire mon ménage ce matin-là. J’attendais avec impatience des nouvelles de ma fille Véronique et de son conjoint Simon-Pierre. Ils allaient rencontrer la sage-femme, car ma fille trouvait que la petite Rose était trop tranquille dans son bedon de 37 semaines. Mon conjoint me dit alors de préparer mes bagages et de venir le rejoindre. Il me réconforte en ajoutant de ne pas m’en faire et que ma fille m’appellerait probablement bientôt.
J’avais décidé de commencer à préparer mes bagages quand le téléphone a sonné. C’était ma fille. Elle pleurait tellement lorsqu’elle m’a dit : « Maman c’est fini! ». Je lui ai alors répondu que je ne comprenais pas ce qu’elle me disait. Elle m’a ensuite dit : « Maman, Rose… c’est fini, son petit cœur ne bat plus ». Je lui ai dit que ce n’était pas possible et que ça n’avait aucun sens.
Nous n’arrêtions pas de pleurer et crier au téléphone. Je lui ai demandé ce qu’elle voulait, si elle voulait que j’aille la rejoindre et elle m’a répondu oui.
C’est à ce moment que j’ai réalisé que ma fille, mon bébé aurait à accoucher de son bébé que nous attendions tous avec tant d’amour. Qu’après toute la douleur de l’accouchement qu’elle aurait à endurer, sa petite Rose serait sans vie.
J’avais de la difficulté à respirer juste à y penser. Je ne pensais pas pouvoir survivre à la douleur de voir mon enfant souffrir à ce point. Non seulement je vivais une immense peine d’avoir perdu ma petite-fille que j’attendais avec tellement d’impatience, mais en plus, je voyais ma fille passer à travers ce cauchemar, c’est inhumain. Si seulement cela avait été possible de prendre toute sa douleur… J’aurais tellement voulu qu’elle ne ressente aucune douleur lors de l’accouchement, qu’elle ne puisse ressentir cette douleur mentale qui s’est installée dans nos vies à partir de ce jour.
Ça fait maintenant 2 mois que nous avons perdu notre petite ange qui fera toujours partie de nos vies. Ma cinquième petite-enfant que je n’aurai jamais la chance de prendre dans mes bras. La seule photo que nous avons me fait pleurer à chaque fois que je la regarde. Je sais cependant combien cette photo est précieuse… cette photo de ma petite Rose qui était tellement belle, tellement parfaite.
Pourquoi elle, pourquoi nous? On se pose sans cesse toutes ces questions. On cherche des façons de guérir, d’estomper la douleur afin de pouvoir mieux supporter notre fille et son conjoint dans leur propre douleur. Tous ces rêves que Véronique et Simon avaient, tous ces projets bâtis autour de ce petit être. Juste à penser à la superbe chambre qu’ils avaient préparée avec tant d’amour. Tous ces rêves et projets se sont maintenant envolés.
Maintenant, il faut se rebâtir un bonheur, des espoirs que la vie peut encore être belle.
Un jour à la fois, une minute à la fois… bébé Rose nous aidera à sourire du haut de son étoile.
Je t’aime petit lapin,
Ta mamie qui ne te connaitra jamais
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