Le beau signe positif sur le test de grossesse en septembre 2015 a été accueilli avec une joie immense, mais aussi avec une petite retenue. Après une fausse couche à 6 semaines au mois d’avril précédent, on se faisait prudentes. Un an passé en clinique de fertilité est déjà assez chargé d’émotions, nous ne voulions pas recevoir une nouvelle déception en plein cœur. Cependant, l’espoir que notre bébé s’accroche bien à la bedaine vivait bel et bien en nous.
Après les 6 semaines nous rappelant la dernière fausse couche, nous commencions à respirer un peu mieux, mais rien à voir avec le soulagement de franchir l’étape du fameux premier trimestre. Tout allait bien enfin!
Le sentiment d’amour instantané lorsqu’on a entendu, pour la première fois, son petit cœur battre tel le mouvement régulier et rapide d’une petite locomotive est indescriptible. Dès ce moment, nous étions des mamans. Aucune dérogation aux mille et une recommandations du guide de la « super-future-maman », des sacrifices bien minces au nom de l’amour. Ces petites précautions ont été faites en couple, parce que ça facilite la motivation et que nous voulions la vivre à deux cette grossesse. Un petit loup prenait déjà l’avant-plan de nos futurs voyages, de nos expéditions en montagne, de nos escapades en camping…il allait avoir une enfance bien remplie notre petit bonhomme. Nous nous faisions une joie d’éventuellement lui faire découvrir le monde, ses paysages grandioses et ses habitants à poils, à plumes, à deux, quatre ou huit pattes.
Nous ne pouvions pas savoir qu’une bibitte encore plus petite, invisible à l’œil nu, allait s’attaquer à notre Éli. Notre petit loup qui se faisait tranquillement pousser des ailes. Le diagnostic est cruellement tombé à 31 semaines. La toxoplasmose, entrée dans l’organisme de façon inconnue et sans symptômes pour la maman-bedaine, s’en est prise rageusement au cerveau en plein développement de notre fils, ne lui laissant aucune chance. Les médecins et les infirmières de Ste-Justine nous ont accompagnées de la façon la plus humaine et empathique vers l’interruption de grossesse. Nous allions perdre cet enfant qui faisait déjà tellement partie de nos vies. Devoir accoucher d’un ange est une chose inimaginable dans nos esprits et certaines personnes nous recommandent d’immortaliser notre ange en prenant des photos, ce qui nous paraît délicat au premier abord.
Puis cette idée fait tranquillement son chemin dans la semaine qui nous sépare de la date fatidique.
Nous prenons bien le temps de savourer la présence de notre petit loup, bien au chaud encore dans son cocon. Nous lui parlons, lui chantons des berceuses et lui faisons écouter la même musique que tout au long de la grossesse. Nous lui donnons tout notre amour. Puis par hasard, nous voyons un article parlant de la fondation Portraits d’Étincelles dans une revue. Nous faisons donc appel à leurs services, maintenant convaincues que ces photos seront de beaux souvenirs de cette magnifique étincelle dans nos vies.
Nous laissons partir notre Éli doucement par un lundi matin pluvieux d’avril, en lui chantant cette magnifique chanson de Félix Leclerc : La mort de l’ours. Après l’accouchement et la rencontre amoureuse de notre ange, Martine et Mélanie se montrent très disponibles et à l’écoute. De la façon la plus douce et respectueuse, remplies d’amour, elles sont venues prendre de magnifiques photos de notre Éli. Un soleil de printemps radieux traversait les fenêtres de la chambre. Ces photos de notre loup, bien emmailloté dans sa couverture, dans le creux de nos bras, nous permettent, à tous les jours de ce deuil, de rendre son passage trop court dans nos vies, plus doux et plus réel. Nous pouvons désormais le présenter à nos familles et amis. Ces portraits nous rappellent surtout que ce n’est pas parce que ses pleurs, ses rires, ses petits pas sur le plancher ne retentiront jamais dans notre maison, que nous ne sommes pas des mamans. Nos cœurs chavirent à chaque fois que nous regardons les souvenirs figés par Martine. Il est évidemment le plus beau des bébés. Ses traits, nos ressemblances, son doux visage feront à jamais partie de nos vies, bien ancrés dans nos mémoires, mais surtout à la portée de nos yeux, et ce, grâce à Portraits d’Étincelles.
Éli peut maintenant veiller sur nous, telle une étoile, entre deux parties de cache-cache dans les nuages. Et nous continuerons de le bercer doucement au creux de nos cœurs.
Tes mamans t’aimeront à jamais beau petit loup avec des ailes.
Josiane et Mélanie
xxx
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