Un soir de fevrier 2019, bien emmitouflée dans mon pyjama, je reçois un premier appel d’une bénévole de Portraits d’Étincelles. Je ne savais pas si je devais répondre ou ignorer l’appel. Mon cœur battait à 1000 miles à l’heure! Je regardais mon conjoint, sans mot, juste ma peur parlait pour moi. Dans ma tête, je me disais qu’il fallait que je réponde, mais ma peur me disait le contraire! Comme je suis une personne qui respecte toujours ses engagements, mes valeurs et mes principes me ramenaient à l’ordre!
Donc, je décroche finalement pour répondre un faible : « Oui allo? ». La personne se nomme et me demande si j’ai toujours de l’intérêt à donner du temps comme photographe pour la Fondation Portraits d’Étincelles. Je ne savais plus quoi répondre. D’un élan, je dis : « Oui, bien sûr! »
À ce moment, elle me dit qu’une demande pour l’Hotel Dieu de Lévis est en attente pour une petite fille de 32 semaines et qu’aucun bénévole n’est disponible. Elle me rassure en me disant que je n’ai pas à me sentir mal si je refuse. Elle sait que je n’ai aucune experience de ce genre de portrait même si j’ai un très bon bagage en photographie. Elle tient à me rassurer en me laissant le choix d’y aller ou non. Si j’accepte, elle me « coachera », me donnera les conseils et la facon de prendre les photos. J’accepte!
Donc, 22h30, me voilà en route! De chez moi, on doit calculer une heure pour me rendre à l’hôpital. Durant le trajet, pleins de choses me viennent en tête. Serais-je en contrôle? Les parents seront-ils présents? Dans quel état sera le poupon? Tellement de questions sans réponses! Je dois être à la hauteur. Je dois paraitre forte.
23h 30, je suis dans le stationnement. Je me dis : vas-y! Tu es capable! Je monte à l’étage. J’ai le nom de l’infirmière qui m’attend. Finalement, l’infirmière attitrée arrive. Je sens ma pression monter et j’ai chaud! Finalement, celle-ci m’amène vers la pouponnière. Avant d’entrer, elle me dit que les parents ne l’ont pas vue, mais qu’ils désirent avoir des photos de leur petite fille sans eux. Dans la pièce, je l’aperçois. L’infirmière me demande si j’ai besoin d’aide. D’un coup, je reponds, non! Je la remercie.
Et voilà, je suis seule avec cette petite étincelle. Toute belle, toute rose. Bien emmitouflée dans une jolie couverture, un petit bonnet et des petits bas en tricot rose. Je suis en sueur!
D’un autre côté, je suis heureuse d’être seule avec elle. Personne ne verra ma nervosité. Personne ne verra que c’est une premiere fois pour moi. Je prépare ma caméra. J’enfile des gants. Je la regarde. Dans ma tête, les consignes de la bénévole me reviennent. Je regarde autour de moi pour trouver une jolie couverture pour cacher le mur à l’arrière. Je veux que l’environnement soit parfait.
Je débute mes photos. Je déplace un peu la petite pour avoir différents angles. Je me rappelle encore les consignes. Je dois faire des photos des petits pieds, des petites mains, de son visage. Je prends tout ce qui me semble bien pour les parents. Pour qu’ils soient heureux de la voir. Finalement, même si la nervosité est bien présente, je réussis à prendre de beaux clichés. Je suis fière de moi. Je replace ma caméra dans mon sac.
Je m’assure que la petite étincelle soit placée comme elle était quand je suis arrivée. Je retourne voir l’infirmière. Je lui redemande si les parents n’ont pas changé d’idée pour les photos. Elle retourne les voir. Effectivement, ils n’ont pas changé d’idée.
Je la remercie et je retourne à mon auto. Je suis fière de moi. J’ai encore le front en sueur, mais je suis heureuse. Ma première expérience est réussie!
Encore une heure qui me sépare de mon domicile. Je pense et repense à mon expérience. Même si je crois avoir bien pris les photos, je suis quand même nerveuse. Tout à coup que j’ai tout raté? C’est le seul souvenir qu’ils auront de leur petite étincelle.
Arrivée chez moi à 1 heure du matin, je me dépêche à tout mettre à l’ordinateur. Je ne pourrai pas dormir si je ne vois pas les résultats. Ouf! C est parfait!
Le lendemain, je dois remettre une première photo aux parents. J’ai de la difficulté à rendre la photo retouchée en noir et blanc, comme demandé. Je contacte une bénévole pour lui dire que je suis incapable de faire la retouche comme demandé. Celle-ci me rassure et me demande de lui envoyer la photo. Elle le fera pour moi. Elle m’envoie également la procédure par video.
À ma grande surprise, elle me dit : « tu sais, tes photos sont très belles. Mais as-tu remarqué à quelle vitesse ta caméra était? Tu étais à 80 de vitesse! » Ohhhh!!!!! Elle m’a prouvé que j’ai été en contrôle malgré mes craintes. Je n’avais pas remarqué ce détail important. Je regardais mes photos à chaque fois que j’en prenais une et je voyais qu’elles étaient belles. Mais jamais au grand jamais je n’avais remarqué qu’à cette vitesse, j’aurais eu besoin d’un trépied, car au moindre mouvement, la photo aurait été gâchée. J’étais fière d’avoir su garder le contrôle de moi-même malgré mes craintes et ma nervosité.
Cette première expérience m’a rendue fière de moi. Fière d’avoir été à la hauteur. Fière de pouvoir remettre un cadeau inestimable aux parents.
De cette expérience, j’en retire aussi un réel accomplissement personnel. Par la suite, j’ai eu une autre expérience avec Portraits d’Étincelles. Je sais qu’il y aura d’autres étincelles. Des petits anges partis trop tôt. Tant que cela sera possible pour moi, je redonnerai aux parents ce magnifique cadeau.
Merci de m’avoir fait confiance.
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