Imaginez perdre un enfant… c’est l’incompréhension, la frustration, mais surtout un immense vide et une tristesse infinie. Mais en perdre deux, c’est tout simplement insupportable. Voici l’histoire de mon Nathan.
Le mois d’avril 2019 s’annonçait plus tranquille et plus serein que les autres mois avant. Cela était le bienvenu après plusieurs d’épreuves vécues par nous en 2016 et 2017. Nous préparions ce qui deviendrait l’un des plus beaux jours de notre vie, notre mariage planifié pour fin septembre 2019. La robe était choisie. Nous étions heureux et avions trouvé la paix. J’avais enfin trouvé un emploi qui respectait ma nouvelle condition et j’apprenais à vivre avec le départ prématuré de ma fille.
Comble de joie et nouvelle inattendue, tu t’es fait une petite place douillette dans mon ventre à un moment où ton papa et moi n’y croyions plus. Pleins d’émotions nous ont envahis : joie, amour, excitation. Petit à petit, tu grandissais doucement. J’ai eu un suivi très serré pour nous assurer que tout allait bien pour toi et moi. Après réflexion, je me devais de choisir une nouvelle robe de mariage parce que ta présence à ce beau jour se ferait clairement sentir. À mes yeux, il n’y a rien de plus beau qu’une mariée enceinte.
Une mariée enceinte, c’est tellement magnifique. J’étais très excitée, car j’allais être cette personne. Comme je me trompais.
Les semaines passaient et nous commencions déjà tranquillement à préparer ta venue. Tu étais attendu avec beaucoup d’impatience.
Mardi le 2 juillet 2019, tu as entamé ta 16e semaine de gestation. J’étais excitée cette journée-là, car mamie Nicole et moi allions magasiner une autre robe de mariée adaptée pour ta venue.
Sauf que ce matin-là, ce que je ne savais pas, ce serait tout sauf une journée joyeuse. Très tôt le matin, dans mon lit, j’ai commencé à avoir de fortes crampes dans le bas du ventre. J’avais un mauvais pressentiment. Je suis allée à la salle de bain où j’ai constaté des saignements ainsi qu’une petite perte de liquide. J’ai immédiatement téléphoné à mamie pour qu’elle m’accompagne à l’hôpital pendant que papa s’occupait de tes deux grands frères Jordan et Kayden. À l’hôpital, j’ai passé un test pour savoir si j’avais perdu mes eaux. Le test est revenu positif.
Après l’échographie, ton petit cœur battait toujours. Le liquide amniotique avait un peu diminué et il semblait y avoir un décollement placentaire d’environ 15-25%. Selon les médecins, les prochains jours allaient être déterminants pour la suite des choses. Ça passe ou ça casse.
Tu étais toujours là, bien vivant en moi. Sur une photo de cette échographie, on te voit nous envoyer la main. Mamie a dit que c’était ta façon de nous dire que tout allait bien aller. Au fond de mon cœur de maman, je savais que tu me disais au revoir.
Quelques heures plus tard, de retour à la maison, je me repose sur le divan encore avec ce mauvais pressentiment qui ne me lâche plus. Papa est au travail, mamie me quitte quelques instants, mais me dit qu’elle va revenir plus tard pour voir comment je vais.
Je ressens alors une autre crampe, une autre perte de liquide et je panique. Je ne veux pas regarder, car j’ai peur que tu sois sorti de mon ventre. Jordan, ton grand frère, appelle une ambulance ainsi que mamie et marraine Jessie. Une fois dans l’ambulance, je me souviens avoir demandé : « soyez juste francs avec moi. Suis-je en train de perdre mon bébé? » L’ambulancier me répond vaguement que ça ne regarde pas bien.
À l’urgence, je suis en contractions régulières. Tu t’en viens bien malgré moi. Je serre les cuisses, je me retiens, je veux que tu restes dans ta maison au chaud. On me conduit dans une chambre en maternité. Je vais accoucher. Je ne peux rien faire. Je suis en pleurs dans l’incompréhension de ce qui se passe.
Après quelques poussées, tu es sorti. Pas un bruit juste un immense vide. Tu as 16 semaines, mais tu as tous tes membres, tu es complet. J’apprends que tu es un petit garçon. Mon petit garçon déjà parti rejoindre les étoiles. La seule chose qui me rassure un peu, c’est que ta sœur était là pour t’accueillir. Marraine Jessie (qui a assisté à ce triste évènement avec mamie) a choisi ton magnifique prénom. Nathan. S’il y a une chose que tu n’as pas manqué mon beau papillon, malgré ton jeune âge gestationnel, c’est d’amour. De l’amour il y en avait un tas et il y en aura toujours autant pour ta sœur et toi. Le décès d’un enfant (ou deux dans notre cas) ne s’explique pas. On ne peut pas accepter le décès de notre enfant. On ne fait que vivre avec.
Le 28 septembre 2019, a eu lieu le mariage de maman et papa. Une magnifique journée où nos deux papillons sont à l’honneur et omniprésents dans la décoration. De bons amis à nous ont élevé des chenilles jusqu’à ce qu’ils deviennent de magnifiques papillons comme vous. Nous avons fait une envolée de ces papillons dans la cour chez mamie Nicole et Papi Denis.
Mon beau Nathan, même 2 ans après ton départ, je suis toujours aussi émotive d’écrire ton histoire. Mais c’est ton histoire et elle est magnifique.
Tout comme ta sœur tu ne tomberas jamais dans l’oubli.
Je t’aime d’un amour infini
Maman
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