Depuis que je suis toute petite, je disais aux gens autour de moi, qu’un jour, j’aurai des jumeaux.
Trois semaines après une première fausse couche précoce, un beau positif se montre le bout du nez sur un test de grossesse. Le stress est palpable, j’avais peur de ce qui était arrivé trois semaines auparavant. Ma gynécologue décide de me faire un beau cadeau en me planifiant une échographie de datation, soit à 8 semaines de grossesse. Plus les semaines avançaient, plus j’avais de symptômes. Deux semaines avant ce fameux rendez-vous un énorme « feeling » se présente dans mon cœur. Je suis certaine à 99% que j’attends des jumeaux. Je n’en parle à personne, même pas à mon conjoint, par peur de faire rire de moi. Dans ma famille, aucune chance que j’aille des jumeaux, donc les chances sont quasiment nulles. Par contre, mon « feeling »était réellement présent.
Le 3 mai 2017, 13h15, enfin arrivé. Nous attendons, moi et mon conjoint, dans la salle d’attente. J’avais des papillons dans le ventre, un peu nerveuse. Je me souviendrai toujours du moment où j’ai entendu mon nom et que nous sommes entrés dans la salle où je devais me coucher pour rencontrer mon petit bébé. La technicienne a mis le petit truc sur mon ventre et c’est à ce moment que je constate deux petits bébés sur l’écran. Je le savais, tout au fond de moi !
La joie a durée 30 secondes. Mon instinct maternel est alors entré en jeu, comme une lionne protectrice. J’ai tout de suite demandé si mes bébés allaient bien. Malheureusement, la joie s’est changée en inquiétude, en peine et en frustration. Pas de petits cœurs à l’horizon. Pas de panique, on attend une longue semaine avant de vraiment se dire que le rêve de jumeaux est réellement terminé. Ce fut la semaine la plus longue de ma vie, jusqu’à présent.
Le 11 mai 2017, confirmation que mon rêve s’est envolé… Le lendemain, on m’appelait dans la petite salle d’attente pour que j’aille dire au revoir à mes petits jumeaux, à mon rêve depuis ma petite enfance. Je me suis endormi sous les médicaments qu’ils m’ont donnés et je me suis réveillé au bout de quelques minutes le ventre vide, seule dans une salle de réveil. J’ai pleuré. J’ai sorti toutes les larmes de mon corps, avec une infirmière à mes côtés qui me tendait un mouchoir.
Aujourd’hui, après bientôt 3 ans, je pleure ma perte encore. J’ai le deuil d’avoir fait une fausse couche, mais surtout le deuil de mes jumeaux, mon rêve depuis si longtemps.
Je me console en me disant que mes petits anges seront toujours près de moi… je n’aurai jamais eu la chance de les prendre dans mes bras et de les bercer, mais je les aurai dans mon cœur pour toujours.
C’est justement grâce à eux que j’ai décidé de donner de mon temps dans la Fondation. Malheureusement, je n’ai pas eu la chance d’avoir des photos de mes bébés. J’ai qu’une petite photo de l’échographie qui me rappelle que je les ai déjà vu, mais rien de plus, rien de concret. Je fais partie du centre d’appel de la Fondation Portraits d’Étincelles et la première fois que j’ai reçu un appel pour une demande de bénévole photographe pour des jumeaux, mon cœur s’est arrêté. Le premier appel, qui nous remet dans nos souvenirs, est celui qui nous rend plus fort pour pouvoir aider ces parents. Ma voix tremblait et j’ai dû me ressaisir pour ne pas démontrer à l’infirmière au bout de la ligne que je paniquais. J’ai réussis mais lorsque j’ai raccroché, je me suis mise à pleurer toutes les larmes de mon corps. Au bout d’un moment, j’ai pris 3 grandes respiration et je me suis mise en action pour trouver le bénévole qui irait prendre les photos de ces petites étincelles là, car moi je n’avais pas eu la chance d’en avoir. Mon plus grand désir et ma mission pour ces parents était de trouver quelqu’un pour les aider dans leur deuil. Depuis cet appel, chaque fois que je reçois un appel, je fais tout mon possible pour trouver un bénévole et chaque fois mon cœur déborde de compassion et d’amour pour tous ces parents endeuillé. Mon souhait principal est de les aider dans ce moment difficile, en prenant l’appel et tout faire pour combler leur demande.
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