21 août 2011 – Dès l’instant où j’ai su que tu étais dans mon ventre et que tu allais y passer les 9 prochains mois, maman a eu des idées de grandeur. J’avais très hâte de t’avoir parmi nous. Déjà, je nous imaginais dans l’avenir, je t’ai bâti une personnalité et j’ai imaginé à quoi tu allais ressembler. Je nous voyais tous ensemble, la petite famille parfaite et heureuse. Nous étions si près du but de t’avoir dans nos bras et nous étions euphoriques à l’idée que bientôt tu serais dans nos bras et que nous allions faire ta connaissance, toi qui était si attendue et pour qui nous avions déjà tant d’amour. Le 21 août 2011, maman est maintenant rendue à 34 2/7 semaines et nous sommes en vacances chez tes grands-parents. Vers 2h15, je me réveille en sursaut en croyant que je perds mes eaux. Cette sensation ne m’était pas inconnue, car c’est la même que j’ai eue pour ta grande soeur il y a presque 3 ans de cela… donc je réveille ton papa. Je me lève et… oups j’entends le liquide couler par terre. Puis, en ouvrant la lumière, j’entre en état de panique totale… ce n’est pas une perte des eaux, mais bien une mare de sang qui coule. Papa court alors chercher ta mammy et il téléphone ensuite les ambulanciers, car je perds énormément de sang. Je sais au fond de moi que cela ne s’annonce pas bien du tout, car je ne te sens plus bouger, toi qui étais très active et qui faisait sentir clairement ta présence en moi. Les saignements de maman ont arrêté, par chance, avant de partir en ambulance, mais je dis à ton papa de s’attendre au pire. Durant le trajet, j’ai des contractions qui débutent, mais à la fin de chacune, je perds encore du sang. Une fois arrivés à l’hôpital, nous nous rendons au département de maternité où toute une équipe médicale nous attendait. J’ai peur, je ne sais pas ce qui m’attend, mais j’ai deux fois plus peur pour toi ma belle Marilou. J’espère de tout coeur que tu vas bien même si mon espoir est mince. La gynécologue essaie d’entendre ton petit cœur, mais elle n’entend rien, donc on passe à l’échographie. Je me croise les doigts et je prie pour qu’il y ait une partie de vie encore en toi.
Après 5 minutes de recherche, le verdict tombe. Ton coeur ne bat plus, tu as enfilé tes petites ailes d’ange sans faire un bruit ni un son en emportant avec toi une partie de moi.
Je ne peux pas croire ce qu’on nous dit, j’ai l’impression que je vais me réveiller et que l’on va me dire que tout va bien, mais malheureusement ce n’est pas le cas. Pourquoi nous? Pourquoi moi? Personne ne peut nous dire le pourquoi. J’ai l’impression que mon monde s’écroule, tous mes espoirs et mes rêves se sont envolés. À ce moment, j’entends le médecin nous informer que je vais devoir te donner naissance quand même et que nous allons procéder à la perforation de la poche des eaux pour faire avancer le travail. Ça fait mal mais ma douleur physique n’est rien face à ma douleur émotionnelle et psychologique. Ton papa et moi sommes déconnectés de la réalité, le ciel nous est tombé sur la tête. Nous t’avons tellement attendu et espéré durant 34 semaines que maintenant nous nous retrouvons face à un mur. Après près de 5h de travail, je dois te sortir de moi, mais si j’avais pu, j’aurais déplacé des montagnes pour te garder dans moi. Je pousse 5 minutes environ et te voilà accompagnée d’un lourd silence. Il n’y a plus un bruit et l’espérance de t’entendre pleurer comme tous les bébés naissant s’envole… j’ai l’impression de me noyer dans mes larmes tellement je pleure. Ça fait mal… si mal.
Tu es venue au monde le 21 août 2011 à 7h32 le matin et tu pesais 4 lbs 15 oz. Nous avons attendu un peu avant de te regarder et de te prendre dans nos bras. Nous nous en sentions incapable sur le coup. Environ 15 minutes plus tard, j’ai voulu te voir… mon dieu que tu es belle, tu es toute rose et la ressemblance avec ta grande soeur est frappante. Tu es si petite, je ne peux pas croire qu’il n’y a plus de vie dans ton petit corps. En te regardant, je me sens tellement impuissante et je m’en veux énormément, car je n’ai pas été capable de te protéger comme je devais le faire. C’était à moi de veiller sur toi, pas le contraire..
Je te regarde attentivement en détaillant toutes les parties de toi pour avoir le plus de souvenirs possible, tes pieds, tes orteils, tes mains et tes doigts. J’ai tellement d’amour pour toi et j’espère que tu peux le ressentir… Lorsque je me suis sentie prête, ton papy et ton oncle sont venus te voir. Ils t’ont trouvée magnifique avec tes beaux grands cheveux noirs. Nous sommes totalement en admiration devant toi. Un peu plus tard, les infirmières t’ont donné un bain, elles t’ont mis un beau pyjama, un chapeau et enroulée dans une petite couverture. Nous avons eu le temps qu’il fallait avec toi dans les circonstances… nous avons profité de toi et avons pris des photos. Vers 13h, nous avons décidé qu’il fallait te laisser partir. Nous devions donner notre accord et accepter que nous n’allions plus jamais te revoir…ce fut le moment le plus difficile de notre vie. Aujourd’hui, je sais que tu voudrais que je me batte pour ton papa et ta sœur, mais c’est très dur, car je me sens loin de toi. Je me dois d’avancer et essayer d’être à nouveau heureuse tout en sachant que tu es constamment dans mon coeur à chaque seconde qui passe. Sache que même si mes larmes se sont atténuées, je n’ai pas moins mal. J’apprends seulement à vivre avec la perspective de ne pas pouvoir te connaître davantage. Je dois accepter que je vais seulement te voir en photo, que jamais je ne vais entendre tes pleurs et tes rires, tes premiers mots et même tes « je t’aime maman ». Je sais qu’un jour nous nous allons nous retrouver, d’ici-là, veille sur ta soeur, papa et maman.
Je veux que tu nous fasses une belle place à tes côtés. Tu es en moi et je suis en toi, car en t’envolant tu as pris avec toi une partie de mon coeur. Je garde d’excellents souvenirs de toi malgré tout…Je t’aime plus que tout au monde ma belle amour.
5 ans plus tard… 21 août 2016 – Il y a 5 ans ce jour- là, une petite poussière d’ange a fait son entrée dans nos vies et, du même souffle, celle-ci a pris son envol. Les années passent, l’eau coule sous les ponts, la vie reprend son cours et nous apprenons à vivre avec son absence. Nous continuons à parler de toi haut et fort et nous partageons notre expérience, car nous espérons aider ceux qui peuvent vivre le même événement que nous. Peu de gens ont eu la chance de te voir, alors le fait de continuer à parler de toi permet d’honorer ta mémoire et nous permet de te faire vivre encore une fois.
Tu n’es pas seulement une étoile filante, tu es notre fille, notre petite princesse. Pendant l’été 2016, c’est un peu plus difficile pour nous, car c’est cette année que tu ferais ton entrée dans le monde de l’éducation, tu commencerais la maternelle. Ensemble, nous aurions eu à magasiner tes effets scolaires et le tout aurait sûrement été en compagnie de ta grande sœur qui s’en va en deuxième année. Même si tu n’étais pas présente physiquement, tu étais tout de même parmi nous lors d’événements heureux de notre vie, tels que notre mariage ainsi que la naissance de ta petite sœur et ton petit frère. Nous te voyons grandir malgré tout dans notre univers familial au travers de tes sœurs et ton frère. Ceux-ci vieillissent et peu à peu, ils découvrent ton existence, ils parlent de toi et ils mentionnent ton prénom. Ils te font vivre eux aussi à leur manière.
Pour tous ceux qui se posent la question… nous allons bien malgré tout. Nous continuerons, tous les 21 août de chaque année, à aller te chercher des fleurs et à souligner ton anniversaire.
Maman, Papa, tes deux sœurs et ton petit frère xxxxxxxxxxxxx
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