Native de la Suède, j’ai été enfant unique durant les neuf premières années de ma vie. J’ai été éduquée pour devenir autonome, alors très jeune je pouvais presque tout faire sans aide. Merci à mon papa de m’avoir offert ce cadeau! Car encore aujourd’hui, je peux presque tout faire seule!
Mon frère est né lorsque j’avais 9 ans. Je l’appelais « mon bébé ». Je l’ai pratiquement élevé; j’ai pris soin de lui toute ma vie. Aujourd’hui il a 66 ans et nous sommes toujours aussi proches, malgré la distance qui nous sépare.
J’ai rencontré mon grand amour à 26 ans. Un homme merveilleux ,qui est apparu à mes côtés un soir alors que j’étais sortie danser avec une amie. Je l’ai attrapé pour une danse et le reste fait partie de l’histoire! Rapidement, il m’a emmenée dans son pays natal. Nous sommes arrivés au Québec en 1975. J’ai toujours rêvé avoir des enfants et c’est une discussion qui revenait souvent sur la table, mais il désirait attendre. Je me suis trouvé un emploi à l’Hôpital Général de Montréal et nous avons décidé de nous marier l’année suivante. Peu de temps après notre mariage, j’ai découvert contre toutes attentes et avec bonheur que j’étais enceinte!
Mon accouchement était prévu en mars 1977. J’étais suivie à l’hôpital Royal Victoria. Les échographies étaient belles, tout allait bien. « Tout va bien, vous avez un gros bébé! » répétait le médecin après chaque visite médicale. Comment pouvait-on être plus heureux?
Début février, lors d’une visite de routine à l’hôpital, le médecin m’annonce qu’il s’est peut-être trompé, que l’accouchement prévu en mars serait tout à coup devancé à… maintenant. J’étais stupéfaite! Mon bébé tant attendu arrive déjà? Plus d’un mois d’avance? Pendant les examens cette journée-là, je me rends compte que quelque chose ne va pas. Le médecin décide de faire une amniocentèse et découvre alors que les poumons du bébé ne sont pas développés comme ils le devraient. Il tente donc de retarder mon accouchement, mais c’est trop tard. Notre bébé est né tôt le matin du 5 février 1977.
Quand il est sorti, les médecins l’ont immédiatement mis dans un incubateur et sont rapidement sortis de la salle d’accouchement. Je les ai vus transporter mon bébé loin de moi, dans l’espoir de le sauver. Je n’ai vu que sa petite tête sombre, de dos. Je n’ai jamais pu le voir de près, ni le tenir dans mes bras.
L’équipe médicale m’a mis sous sédation, mais en me réveillant, seule dans ma chambre, je savais. Mon fils était mort, je le sentais. Avec son poids de 907 grammes et ses poumons non développés, il n’a pas pu survivre plus de sept minutes.
Tant de questions qui se bousculaient dans ma tête!
- Ils m’ont dit que mon bébé était énorme!
- Ils ont fait tant d’échographies!
- Comment se fait-il qu’ils se soient trompés?
- Pourquoi ne me l’ont-ils pas emmené pour que puisse lui dire au revoir? Pour que je puisse caresser son petit corps, sa petite tête, lui dire que je l’aime et qu’il sera pour toujours dans mon cœur.
- Où est enterré mon fils? Je n’ai jamais eu de réponse à cette question.
Je criais dans ma tête. « Je veux te voir, te prendre dans mes bras! »
Je n’ai jamais pu le voir, le serrer dans mes bras. En repensant aux vieilles photos de son père, je suis dit qu’il devait lui ressembler…
Je n’ai jamais reçu de soutien. J’ai été laissée seule avec moi-même. Deux de mes amies suédoises ont perdu leur bébé durant la même année. L’une d’entre elles s’est vu proposer une aide psychologique. Pas moi. J’étais sans ressources, je ne savais pas où demander de l’aide.
Je pleure encore, 46 ans plus tard. Mon deuil n’est pas fait. Il me reste encore des larmes à verser après tant d’années.
Mon petit garçon, je t’aime et j’espère que tu n’as pas souffert.
Saches que je n’oublierai jamais ta présence, avant, pendant ou même après ta naissance.
Tu es mon bébé, mon garçon, mon fils, STEFAN.
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