Après plus de deux ans d’essais, de médication, de tests, deux petites lignes apparaissent enfin sur un test de grossesse. La joie que nous procure cette nouvelle est immense pour moi et mon conjoint. Nous l’annonçons rapidement à notre famille et à nos amis parce que nous ne pouvons retenir ce secret bien longtemps et surtout parce que les gens près de nous savent que nous attendons ce moment depuis si longtemps. Mon conjoint et moi sommes ensemble depuis 9 ans au moment où nous apprenons que je suis enceinte. Nous avons notre maison depuis quelques temps et nous avons chacun un emploi stable. Nous sommes prêts depuis longtemps à fonder notre famille. Nous sommes plus que comblés de voir que notre rêve va enfin se concrétiser.
À 20 semaines, j’apprends que nous aurons une petite fille. Plus les semaines passent, plus nous nous rapprochons de sa rencontre. Ma grossesse est parfaite. Tous mes examens sont « beaux » et ma petite fille grandit normalement. À 36 semaines, bientôt 37, j’arrête de travailler. Nous terminons les derniers préparatifs comme la chambre de notre petite Jade et ma valise pour l’hôpital. Son petit siège est aussi installé dans mon auto et nous attendons qu’un petit corps s’y glisse pour le retour à la maison après mon accouchement. À 38 semaines, je commence à avoir encore plus hâte de voir notre petite Jade. À 39 semaines, je suis fébrile et je me demande à quel moment elle va se pointer le bout du nez. Je me dis qu’elle doit être bien dans mon ventre, car il n’y a aucun signe qui me dit qu’elle arrivera sous peu. J’ai quelques contractions, mais rien de sérieux qui indiquerait le début d’un travail. Je me rends à l’hôpital pour mon rendez-vous de suivi. J’entends son petit cœur sur le moniteur et je me fais dire que tout est toujours beau et que le bébé bouge bien. Mon col est ouvert à 1 cm. Le 9 avril, un lundi, je suis à 40 semaines. J’ai commencé à avoir plus de contractions. Je dors mal toute la semaine parce que je me lève sans cesse pour compter les minutes entre mes contractions.
Puis, arrive vendredi. Je suis à 40 semaines et 4 jours. Mon conjoint part travailler, mais je l’avise qu’il se peut qu’on se rende à l’hôpital aujourd’hui. J’ai le sentiment que c’est le grand jour. J’appelle mon conjoint vers 8h ce matin-là pour lui dire que j’ai de fortes contractions. Nous arrivons à l’hôpital à 9h. L’infirmière met le moniteur sur moi. Elle me dit qu’elle n’entend pas de cœur de notre fille battre. Je commence à paniquer. Ma gynécologue arrive. Elle est de garde pendant la fin de semaine. Elle regarde à l’écran et m’annonce qu’elle ne voit, n’y n’entend de cœur battre. Elle fait venir la radiologiste qui nous confirme aussi cette nouvelle.
Nous sommes sous le choc. Nous ne pouvons pas croire ce qui nous arrive. Notre vie vient de basculer en l’espace d’un instant. Nous ne comprenons pas. Moi qui ait eu une grossesse si parfaite, moi qui, la semaine dernière, me faisait dire que tout était beau, que notre petite fille était en vie et que tout allait bien.
J’apprends que je vais accoucher par voies naturelles, mais que je dois attendre que mon col soit complètement dilaté. Pendant toute la journée, mon conjoint et moi nous nous regardons impuissants. Nous sommes dans un autre monde, littéralement. Nous sommes sous le choc. On nous bombarde de questions à savoir de quelle manière nous allons disposer du corps de notre petite fille alors que je n’ai toujours pas accouché… On nous demande si nous aimerions avoir des photos en souvenir d’elle. Nous avons beaucoup de difficultés à prendre des décisions, parce que nous n’arrivons pas à croire ce qui nous arrive. Les heures passent et nous sommes déconnectés de la réalité. À 17h, nous appelons les parents de mon conjoint pour leur annoncer la nouvelle. Ils sont aussi sous le choc. Ils viennent aussitôt à l’hôpital pour nous offrir leur support. Je sais qu’ils attendaient cette petite puce autant que nous et c’est ce qui me fait le plus de peine.
Notre petite fille arrive finalement à 23h29, le 13 avril 2018. On compte 5 tours de cordon autour de son petit cou. Nous ne savons pas exactement à quel moment elle s’est envolée, mais on nous dit que cela date de quelques jours. Quelques jours entre mon dernier rendez-vous de suivi et mon accouchement, soit moins d’une semaine. Nous prenons notre fille dans nos bras pour lui dire un premier bonjour et un dernier au revoir en même temps. Elle est parfaite et si belle. Nous prenons le temps de regarder chacun de ses petits membres. Je touche ses petits pieds et prends ses petites mains froides. Les larmes roulent sur nos joues. Nous ne pouvons nous empêcher de penser à tous ce que nous ne pourrons pas vivre avec elle. Le souvenir de notre belle petite Jade restera à jamais gravé dans notre mémoire. Pourquoi? Ce mot reviendra souvent sur nos lèvres au cours des prochains jours, semaines, mois qui ont suivi mon accouchement. La vie nous a arraché à la toute dernière minute notre fille. Nous n’aurons jamais la chance de la voir grandir. Tous nos rêves se sont envolés si rapidement ce fameux vendredi 13.
Malgré cette perte et cette affreuse journée où notre vie a complétement changé, nous restons optimistes envers la vie et gardons espoir que nous aurons à nouveau la chance de devenir parents.
Je voudrais remercier la photographe bénévole, Isabelle Théroux, de nous avoir permis d’avoir de si belles photos de notre petite fille Jade, des photos que je regarde très souvent et qui m’ont permis de vivre plus facilement les journées sans elle à nos côtés. Merci à vous, Portraits d’Étincelles, d’avoir rendu cela possible. Je voudrais aussi remercier les infirmières et ma gynécologue qui étaient présentes à mon accouchement. Toutes ces femmes ont été d’une grande douceur avec nous malgré toute la peine que nous éprouvions. On nous a remis une petite boîte avec de beaux souvenirs. Et même si je trouvais tellement ridicule de ressortir de l’hôpital le lendemain avec cette boîte entre les mains, j’apprécie aujourd’hui de l’avoir. Nous y avons mis toutes mes photos de maternité à l’intérieur ainsi que les photos de son urne et de l’endroit où elle repose. Nous l’ouvrirons de nouveau quand viendra le temps. Nous pensons encore à elle très souvent et les larmes viennent encore s’écrouler sur nos joues mais le temps nous aide peu à peu à vivre avec la perte de ma première grossesse et de notre premier enfant.
Jade, ma petite fille, ce nom t’a été donné parce que c’est le nom qu’on donne à cette pierre précieuse. Tu étais et tu resteras toujours notre petite précieuse, celle qu’on attendait depuis si longtemps. Saches que nous t’avons aimée chaque seconde de ta vie et que nous t’aimerons toujours. Chaque jour, nous pensons à toi. « Tu n’es plus là où tu étais mais tu es partout là ou je suis. » Cette phrase, comme pour bien d’autres parents qui sont passés par là, représente beaucoup pour moi. Je sais que tu es là, quelque part près de nous mon amour. Veille sur ton père et moi ma petite fille. Nous nous retrouverons un jour et je pourrai à nouveau te serrer contre moi.
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