Mon beau Arnaud, mon ourson adoré. Tu es apparu dans nos vies le 25 août 2021 avec deux magnifiques lignes roses sur le test de grossesse. Ma première grossesse. Tu étais tellement désiré, nous étions fous de joie.
Les jours passent et tout se passe à merveille. Nous préparons ta chambre unisexe puisque nous voulons garder la surprise pour ta naissance. Tout est parfait, il y a des animaux de la forêt peints avec amour et tout est prêt pour t’accueillir. Je prends du ventre rapidement, mais le médecin ne semble pas s’inquiéter et pense que tu vas être un gros bébé.
Le matin du 28 janvier 2022, nous sommes à 26 semaines de cohabitation. Ça fait quelques jours que j’ai très mal au dos, ce que je crois être normal puisque j’ai un ventre de 39 semaines. Le médecin croit toujours que tu vas être un gros bébé et ne s’inquiète toujours pas. Je pars faire l’épicerie et une fois rendue là, je ressens une grande douleur. Je ne sais pas ce qu’il se passe. Je ne prends pas de chance et je me rends à l’hôpital. Rendue à l’hôpital, on me dit que j’ai des contractions et que j’ai anormalement trop d’eau dans mon ventre. Le médecin présent est très inquiet et on passe une échographie. On m’apprend que tu as probablement une malformation de l’œsophage, mais sans en savoir plus puisque les équipements médicaux ne sont pas spécialisés en région. On prend la décision de me transférer d’urgence en avion à Montréal.
À Montréal, on me met des moniteurs et j’entends ton petit cœur parfait ce qui me rassure en attendant que ton papa arrive. Il a dû faire 7 heures de voiture pour venir nous rejoindre. Ton papa arrive enfin et nous sommes inquiets, mais on écoute ton petit cœur et tu fais ton ninja comme toujours. Au matin, on passe d’autres écographies et on prend la décision de demander ton sexe pour pouvoir t’encourager avec un nom. C’est un garçon, mon beau Arnaud. Nous sommes tellement heureux.
Un groupe de médecin vient nous voir et ils semblent tous très inquiets. Nous apprenons que tu as une pathologie très rare. Un tératome cervical. C’est une grosse masse sur le côté gauche de ton cou qui obstrue tes voies respiratoires et digestive. Le tératome fait que tu n’avales pas de liquide d’où le gros surplus d’eau dans mon ventre qui cause des contractions. Ta pathologie est tellement rare qu’il n’y a que 50 cas étudiés sur ce sujet dans le monde. On nous explique ce que ça implique et le type de vie que tu vas avoir la première année avec plusieurs interventions, mais il y a de bonne chance que tu puisses avoir une vie normale. On nous demande de faire un choix et on décide de se battre.
Pour avoir de meilleures chances de réussite, tu dois rester le plus longtemps possible dans mon ventre. Je suis alitée et ton papa se fait un lit de camp à coté de nous pour ne pas nous quitter. Arnaud, ton papa est merveilleux et c’est vraiment le plus fort et aimant des papas du monde.
Les jours passent, on fait plusieurs examens et traitement : IRM, échographie, médicament pour arrêter les contractions. Nous avons la chance d’entendre ton petit cœur parfait plusieurs fois par jour et c’est la plus belle musique au monde. Chaque journée est une petite victoire. Nous visons un minimum de 30 semaines pour que tu sois plus gros et fort.
Malheureusement, le 7 février au matin, je ne me sens pas bien et j’ai mal au dos. En après-midi, tout dégringole. Les contractions recommencent et je saigne. On m’annonce que mon col est ouvert et que je vais accoucher. J’ai peur et je pleure, nous ne sommes pas prêts à être séparés. Nous ne sommes qu’à 27,4 semaines de cohabitation. Ton papa est là et il reste fort pour nous. On me prépare pour la césarienne d’urgence. Durant l’intervention, ton papa me tient la main et on se regarde dans les yeux. Il nous aime tellement. Nous sommes terrifiés. Nous avons peur de te perdre.
À 18h40 tu es parmi nous. Le médecin vient nous voir et nous annonce qu’ils ont réussi à t’intuber malgré le tératome et que ton état est stable. Ton papa court te rejoindre et il reste à veiller sur toi jusqu’à 1h du matin. Il me montre une photo. Tu es le plus beau bébé de l’univers. J’ai si hâte de pouvoir venir te voir mon petit combattant.
À 4h du matin, le médecin vient chercher ton papa, car ton état est instable et tu ne respires plus bien. Il court te rejoindre. Je me sens impuissante et je dois rester au lit. À 6h, le médecin appelle et je dois venir te rejoindre rapidement. On m’assoie dans une chaise et j’ai mal, terriblement mal, mais peu importe, je viens te voir mon ourson et c’est ça le plus important.
Je te vois enfin. Tu es magnifique et si petit. On nous annonce que tes poumons sont malades et que ça fait 2 heures que tu ne satures plus. Ils essaient une dernière chose. Ça ne fonctionne pas. On doit te laisser partir. Ils ont tout fait pour te sauver mon cœur. On te dépose dans mes bras, je te regarde, tu es tellement beau même avec le tératome, tu es le plus beau bébé de l’univers. Tu sens tellement bon. Tu es si petit et tellement parfait avec tes petites mains, tes petits pieds, tes petits cheveux bruns comme ta maman. Tu es un parfait mélange de papa et maman, les traits de visage de ton père et le petit nez de ta maman. Ton papa t’observe et décrit chacun de tes traits parfaits. On te parle et tu ouvres les yeux pour nous dire au revoir.
À 6h40, tu t’éteins dans le doux confort de nos bras, entouré de tout notre amour. On t’aime très fort mon Arnaud. Nous avons passé du temps avec toi. Nous t’avons bercé, parlé, habillé, bécoté et nous avons pris des photos avec toi. Tes grands-mamans t’ont pris dans leurs bras et t’ont parlé. Elles te trouvent tellement beau, leur premier petit-fils.
Il est le temps de te laisser partir, ton papa et moi t’embrassons une dernière fois. On t’aime tellement fort. Tu as vécu durant 12 heures et ça été 12 heures merveilleuses et pleines d’espoirs.
On a fait une belle cérémonie pour toi mon cœur. Tes grands-parents, ton parrain et ta marraine sont là pour te donner tout leur amour. Ce fut beau et doux tout comme toi. Papa et moi avons eu la chance de te reprendre dans nos bras une dernière fois et te dire à quel point tu es beau et qu’on t’aime.
Les jours passent et tu nous manques terriblement. Tu es dans mes pensées à tout moment de la journée. Je m’étais projetée dans une vie si merveilleuse avec toi à mes côtés. Ton papa prend bien soin de moi. On s’aime énormément. On apprend tranquillement à vivre avec le grand vide que tu laisses. On ne t’oubliera jamais mon ourson, tu resteras toujours notre premier bébé. Notre premier garçon. Maman et papa t’aiment plus que tout. Veille sur nous mon ange comme une aurore.
« Parce qu’il n’y a pas de trop petits pieds pour laisser son empreinte dans ce monde. »
Auteur inconnue
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