Tout a commencé en juillet 2019. Nous avions réservé un voyage pendant les vacances de la construction et l’agente de voyage a demandé à ma conjointe Stéphanie si nous prévoyions avoir des enfants en raison des risques associés au virus du Zika lors d’une grossesse. À l’époque, cela ne faisait que cinq mois que nous étions ensemble, donc la réponse était évidente « Non pas toute suite! ». Mais la question avait semé un doute en notre esprit même si ma conjointe prenait la pilule contraceptive. En arrivant à la maison, ma conjointe a fait un test de grossesse pendant que je dormais. Sur le coup, le test était évidemment négatif, mais il a rapidement changé pour devenir positif. Elle est donc venue me voir pour me dire : « on est dans merde » et moi, spontanément, je lui réponds : « non, on est plutôt dans la pisse ».
Nous avons donc décidé d’annuler notre voyage et de faire une petite place à notre futur enfant qui portera le nom de « bébé garçon » jusqu’à ce que ma conjointe accouche. Stéphanie a vécu une grossesse parfaite sans complication ni problème de santé. Le seul problème que nous avons rencontré était celui de s’entendre sur le prénom de notre fils. J’avais un coup de cœur pour Mathéo, mais ma conjointe, elle, hésitait encore pour pleins de raisons. Elle voulait être certaine que le nom soit parfait et qu’il allait nous plaire puisqu’elle disait que ce prénom allait suivre notre fils toute sa vie. Finalement, une fois dans les bras de ma conjointe, après un bel accouchement, Stéphanie a toute suite su que notre fils allait finalement s’appeler Mathéo.
Notre fils Mathéo Hallé-Faubert est né à 9:09 le 14 mars 2020. Il pesait 7lbs10oz et mesurait 53.5cm. Il était en parfaite santé. Deux jours plus tard, nous avons eu notre congé de l’hôpital. Personne n’avait vu Mathéo dû à la covid qui venait tout juste de débuter. Une infirmière est venue à la maison le 18 mars 2020 et c’est là que tout a commencé. Mathéo présentait un début de déshydratation, une perte de poids sévère et il débutait une jaunisse. Nous devions donc nous rendre à l’hôpital le plus rapidement possible.
À ce moment-là, ma conjointe se sentait extrêmement coupable, puisqu’elle avait fait le choix d’allaiter pour offrir le meilleur à notre fils. Elle disait se sentir coupable puisqu’elle n’avait pas eu de montée de lait depuis son retour de l’hôpital. Elle croyait que c’était la cause de la déshydratation de notre fils. Les infirmières lui avaient dit que c’était normal de pas avoir eu de montée de lait et que, parfois, ça peut prendre du temps. De plus, la journée de l’accouchement, nous avions posé des questions sur le sujet de la jaunisse et on nous avait dit que la jaunisse pouvait s’éliminer rapidement si le bébé buvait bien et urinait bien. Stéphanie a alors donné un biberon à Mathéo avant de partir pour tenter d’éliminer sa déshydratation et ainsi prendre la chance d’estomper ses autres symptômes.
En arrivant à l’hôpital, Mathéo avait un taux de sucre élevé, ce que les médecins ne comprenaient pas. Ma conjointe s’est alors demandé si c’était dû à l’allaitement, car elle se disait que le colostrum qu’elle avait donné à notre fils aurait pu causer ceci. Cependant, nous avons eu la confirmation que le colostrum est fait majoritairement de matières grasses, alors qu’il est peu probable que ce soit à cause de l’allaitement que le taux de sucre était élevé. L’hôpital où nous étions n’était pas équipé adéquatement pour bien prendre en charge notre fils et ils l’ont donc transféré à Sainte-Justine en soirée.
Le transfert s’est bien déroulé, mais la route pour nous a été longue et très pénible. Une fois arrivés, on a remarqué que Mathéo commençait à ne plus vouloir boire et qu’il avait mal au ventre. Les spécialistes de Sainte-Justine ont rapidement contrôlé sa jaunisse et sa déshydratation durant la nuit. Le lendemain, ils ont fait une panoplie de tests et ils ont alors trouvé quelque chose : Mathéo avait un blocage aux intestins. Ils l’ont donc opéré d’urgence. Comme l’opération devait durer quelques heures, nous avons décidé d’aller souper au McDonald, mais nous nous sommes fait appeler à peine 1heure après être partis. On nous a dit que l’opération était terminée et que les médecins voulaient nous rencontrer. J’ai donc fait le service au volant du McDonald de reculons pour retourner le plus rapidement possible vers l’hôpital. En arrivant, je cours vers la chambre de Mathéo (prendre note ici que j’ai trébuché en chemin dans le tapis d’entrée de l’ascenseur, je poussais ma conjointe qui était assise sur une chaise roulante qui, elle, a foncé dans un mur).
Les médecins nous ont rencontrés dans une salle de réunion pour nous annoncer la pire nouvelle pour tout parent… Mathéo avait les intestins nécrosés et il n’y avait pas assez de partie saine pour pouvoir enlever seulement les parties nécrosées. Un médecin nous a émis l’hypothèse qu’il y avait des parties malades qui pouvaient peut-être redevenir saines… Le médecin lui donna donc deux jours et si, dans deux jours, ces parties malades guérissaient, il pourrait alors l’opérer pour former un intestin en santé.
Mathéo a malheureusement eu de la misère à passer à travers la nuit. Son médecin en néonatalogie, Dre Villeneuve et l’infirmier Maxime (important de se rappeler de ces deux personnes) sont venus m’annoncer à 7:00 le matin que Mathéo ne passerait pas la journée. Je suis donc allé réveiller ma conjointe pour lui annoncer la mauvaise nouvelle. Mathéo est décédé ce jour-là, le 20 mars 2020 à 13h40 dans les bras de ma conjointe. Nous lui avons chanté « I won’t give up » de Jason Mraz pendant qu’il soufflait ses derniers souffles, car c’était la chanson que nous lui chantions souvent au lit le soir lorsque ma conjointe était enceinte.
Le deuil a été très difficile et il l’est encore tout particulièrement pour ma conjointe. Nous voulions des photos souvenirs de la Fondation Portraits d’Étincelles, mais dû à la covid, la Fondation avait arrêté de se déplacer dans les hôpitaux à ce moment-là. Ensuite, nous étions confinés, seuls, sans enterrement pour notre fils. Dans ce contexte, nous avions décidé de nous rassembler quand même pour une envolée de papillons en sa mémoire. Nous avons aussi fêté son 1 an.
Ma conjointe est tombée enceinte du frère de Mathéo 9 mois après le départ de notre ange. La date prévue d’accouchement était le 14 septembre. Ma conjointe a vue cela comme un signe de Mathéo qui est né un 14. Nous tenions à ce que le prénom commence par « Ma » en hommage à notre fils Mathéo. En se réveillant un matin, après avoir rêvé à bébé bedon, un prénom est soudainement venu à l’esprit de Stéphanie : Maloïck.
Le frère de Mathéo, Maloïck Hallé-Faubert est né le 7 septembre 2021 à l’hôpital Sainte-Justine. Nous avions décidé de rester une semaine à l’hôpital et faire le même test que celui que Mathéo (liquide barité) à titre préventif. Finalement, une autre mauvaise nouvelle s’acharne sur nous. On nous annonce que Maloïck a une malrotation à l’intestin et qu’il doit se faire opérer. Maloïck a donc subi la même chirurgie que son grand frère Mathéo. Les chirurgiens nous ont ensuite rencontrés pour nous annoncer ce qui allait être un semblant de bonne nouvelle puisque le « mal » avait déjà été fait. Maloïck s’est finalement fait opérer pour rien, car il n’y avait aucune trace de malrotation. Tout est beau, mais encore une fois, on ne prend pas de chance. On vérifie tout de A à Z et notre fils se fait ensuite transférer en néonatalogie. Quel hasard… même si nous pensons que c’est, dans les faits, un signe de Mathéo, mais ce sont Dre Villeneuve et l’infirmier Maxime qui étaient là pour prendre soin de Maloïck tout au long de son rétablissement. Notre fils Maloïck a eu des hauts et des bas et, évidement nous aussi, mais tout finit par bien aller et nous sortons trois semaines et demie après sa naissance.
J’ai ainsi décidé de devenir bénévole photographe pour la Fondation Portraits d’Étincelles pour donner au suivant. J’ai eu la chance d’accompagner 8 familles en un an.
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