Il y a 1h, nous n’avons pas entendu ton petit cœur mon bébé. Notre rendez-vous de routine de presque mi-grossesse a pris une tournure que j’aurais aimé qu’il ne prenne jamais. Notre sage-femme a essayé tant bien que mal de te trouver, mais j’ai vu dans ses yeux qu’elle était inquiète et qu’elle envisageait peut-être le pire. J’essaie de me dire que tu es là, que tu es simplement bien caché. Faut dire que tu t’es fait discret depuis quelques jours et j’ai fait de l’insomnie à penser à toi et à m’inquiéter. Ton doux battement de cœur étant impossible à trouver, je dois partir pour l’hôpital…J’ai téléphoné ton papa pour lui annoncer la terrible nouvelle et je suis partie pour faire une échographie d’urgence. Je ne me souviens même pas de la route pour m’y rendre tellement j’avais la tête dans la brume à me dire que je devais être en train de rêver.
Une fois rendue à l’hôpital, je m’assois et j’attends qu’on me nomme. Je suis assise ici toute seule à attendre de te voir sur le petit écran. À ce moment, j’avais encore de l’espoir…mais ma petite voix me disait que je devais me préparer au pire. Ton papa ne pouvait pas venir me rejoindre vu les consignes en place…Je suis donc seule, à laisser couler mes larmes derrière mon masque devant des inconnus, à me dire que c’est impossible que tu aies décidé de me laisser le ventre vide après 17 semaines de cohabitation. C’est là qu’on s’aperçoit qu’un hôpital, c’est froid, très froid.
On m’appelle enfin. La technicienne est d’une gentillesse réconfortante. Elle me demande si je veux regarder ou si elle ferme l’écran. Malgré ma peur, je voulais te voir, j’avais encore espoir de voir tes bras bouger et ton petit cœur clignoter. La dernière fois que je t’avais vu, tu avais tellement d’énergie. Le moment est venu, je te vois enfin pour la 3e fois, mais comparativement aux autres fois, tu es là devant mes yeux, avec ton petit corps tout recourbé sur lui-même et tu ne bouges pas. Tu es encore aussi beau, tu as tellement grandi. J’ai compris rapidement que tu étais déjà parti…la nouvelle que je ne voulais pas entendre; ton petit cœur ne battait plus. J’ai arrêté de respirer. Durant plusieurs minutes, j’ai eu l’impression que mon cœur ne battait plus lui non plus. Le médecin est venu ensuite et m’a confirmé ma crainte, mon ventre n’avait pas su te protéger. Il te gardait encore bien au chaud, il continuait son travail comme si tout allait bien…
À la suite de cette terrible nouvelle, j’ai cherché à comprendre, à trouver des réponses, mais il n’y en a pas. La vie est rude, sans pitié. Je t’ai tant imaginé, je t’ai tant désiré. Je ne réalise pas encore ta perte. Nous étions presque rendus à la mi-parcours et tu étais en parfaite santé quelques semaines auparavant. Les tests n’avaient rien décelé d’anormal, nous avions franchi le premier trimestre haut la main.
Ensuite, les choses ont déboulé. Dès le lendemain, nous devions mettre fin à notre cohabitation. Un risque pour ma santé qu’ils disaient. La nuit a été longue. Chaque fois que je me réveillais en sursaut j’espérais tant que ce soit un mauvais rêve, j’espérais tant sentir encore tes petits coups et pouvoir me rendormir, mais les seuls coups que je sentais étaient ceux de mon cœur dans ma poitrine. Notre histoire était bien réelle. Je t’ai parlé pour la dernière fois. Je me suis excusée, je t’ai dit que j’allais essayer d’être forte pour toi, pour tes frères, que tu pouvais partir en paix mon bébé et que tu feras toujours partie de notre famille.
8h arrive. Ce fut le pire moment de ma vie. Une douleur physique et surtout mentale, mon corps qui tremblait comme une feuille, des sons qui marquaient l’expulsion de ton petit corps du mien. J’ai tout senti, comme si j’avais besoin de vivre encore plus de douleur. Je n’ai rien pu faire pour te protéger et je ne vais jamais savoir pourquoi…Mon corps va guérir, ma peine, elle, jamais. Encore une fois, par chance, nous avons été bien entourés par le personnel de l’hôpital et ton papa m’a tenu la main aussi fort qu’il le pouvait tout au long de l’intervention.
Je t’aime tant mon petit gars. Mon 4e amour, mon 4e petit garçon. Mon petit bonhomme qui terminait si bien notre famille. Je m’amusais à deviner à lequel de tes frères tu allais ressembler, quels traits de personnalité tu aurais eus, la couleur de tes yeux, de tes cheveux, quelle odeur tu aurais eue, cette odeur que j’avais si hâte de sentir à nouveau…Tout ça me tournait dans la tête encore et encore. Tu ne pourras jamais rencontrer tes frères, ta famille, voir ta maison, rire avec nous, jouer avec nous…tes frères ne vont jamais pouvoir te lire d’histoire, te prêter leurs camions…
Le temps va adoucir les choses, mais je ne vais jamais t’oublier. La vie m’avait choisie pour être ta maman et je lui faisais entièrement confiance. J’ai toujours dit que la vie nous apportait ce que nous sommes capables de gérer, mais là je ne gère pas et je pense que la vie me croit plus forte que je le suis vraiment…
Aujourd’hui, 1 an plus tard, je termine mon récit avec ta petite sœur collée sur mon cœur. Elle aura 2 mois dans quelques jours. Elle s’est posée au creux de mon ventre quelques mois après qu’on se soit dit au revoir. Une nouvelle grossesse que j’ai vécue dans la peur, mais aussi dans l’espoir et dans l’amour. Un petit miracle si attendu, mais qui ne prendra jamais ta place à toi.
Tu nous as apporté notre douce petite madame et elle a une petite tache rouge sur son front, un angiome, un beau baiser de l’ange qu’on appelle. Une croyance dit qu’il s’agit d’un signe offert d’une personne décédée, d’un ange. Je sais maintenant que vous vous êtes déjà rencontrés et qu’il y a une partie de toi au travers d’elle ❤️
Je t’aime mon bonhomme
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