Je ressens encore les petites bulles tout au creux de mon ventre. Je me vois encore fière de me dire que je portais deux cœurs en plus du mien quand je marchais dans les ruelles de l’Espagne cet été là. (Aout 2019)
Juin 2019 : Je suis enceinte, ENCEINTE ! Mon 1er réflexe est assez surprenant mais j’ai levé ma tête et j’ai regardé l’univers, juste pour dire merci, oui merci je vais être maman et c’est tellement merveilleux.
J’avais envie de le crier partout mais bien sûr je voulais attendre un peu… Après l’annonce à mon amoureux très heureux, nous avons passé une échographie de datation oû on m’annonce non pas 1 mais 2 petits cœurs… notre première réaction, un fou rire mais nerveux je crois ! COMMENT NOUS ALLONS PASSER DE 2 À 4 ? J’ai mis quelques semaines à digérer la nouvelle !
Quelques semaines plus tard : j’avais encaissé le coup, après tout je suis plutôt du genre à me dire que si la vie me donnait deux bébés c’est que j’en étais capable, on allait gérer !
Le temps file, j’étais pressé de savoir ce qui nous attendait, je me voyais avec mes deux portes bébés monter mes 3 étages et donner des biberons avec mes deux mains en même temps.
L’été touche à sa fin, mais celui-ci avait un goût spécial… j’étais en train de créer la vie de deux petites personnes que je protégeais déjà comme une lionne, à la moindre alerte je pouvais bondir sur mon petit ventre presque arrondi.
Mais cet été-là a finalement été le pire de notre vie. Je te hais. Pour certains ça sera des souvenirs avec des amies ou de la famille autour d’un barbecue, pour d’autres l’année d’évènements heureux qui vont bercer leurs vies à tout jamais, mais pour nous c’est au mois d’août que nous avons appris que notre vie allait basculer… mais surtout la vie de l’un de mes fils.
Le verdict est sans faille lors de la 1ere échographie. Léo a une malformation. Cela arrive lors de la division de l’œuf chez les vrais jumeaux.
Bienvenue au tourbillon de l’horreur. Mon cœur ne sait plus. Je dois juste me battre pour mon fils qui, lui, va pouvoir vivre. Sans son frère, mais on sera là, nous, à le rendre plus fort et à former une famille.
Le temps passe tellement lentement. Bien sûr, je voyais Angélo grandir et se développer dans mon ventre comme il se doit. J’étais heureuse. Cependant, lors des échographies, je pouvais voir Léo là juste à côté de lui… séparé par un fil à coudre de son frère. Mes sentiments se mélangeaient alors.
Septembre : Je dois subir une intervention pour arrêter le cœur de Léo afin qu’il n’envoie pas de mauvaise information sanguine à son frère. Je subis les yeux ouverts une intervention d’interruption sélective de grossesse. Le cœur de mon bébé s’est arrêté et j’étais là, allongée sur la table sans rien pouvoir faire et dire « pourquoi on doit subir tout ça, on était si bien avant ? ».
L’atteinte de perturbation de mon cerveau est au maximum. La poche des eaux s’est rompue, l’opération a duré trop longtemps. Un océan me traverse en pleine nuit, seule dans ma chambre, je flottais dans le liquide de mes fils. Ce liquide qu’il les fait vivre, il fait vivre tant de bébés… pourquoi nous, pourquoi ?
Je ne peux pas j’ai peur mon dieu s’il vous plait que ça s’arrête.
Je suis restée à l’hôpital sous surveillance pendant 5 jours afin de voir si le liquide se stabilisait avec une échographie tous les jours. J’ai eu la chance de voir mon bébé vainqueur, lui était plutôt paisible. Je le voyais sucer son pouce, mon petit bébé avait faim. J’étais tellement apeurée que je n’arrivais plus vraiment à manger. Depuis ce jour, je ne me suis plus jamais sentie la même.
Je rentre chez moi, je suis hospitalisé à domicile avec mon bébé courage. Il tient bon, il va bien, c’est moi qui vais mal. Je n’arrive plus à sourire, je ne bouge plus et j’ai mal de partout, la perte de liquide crée de grosses souffrances chez la femme enceinte. Heureusement, mon amoureux lui était là toujours positif en essayant de me faire rire. C’est bizarre, mais dès qu’il arrivait, Angelo n’arrêtait pas de bouger! Il entendait assurément son père (ceux quui le connaissent vous diront qu’il parle fort !)
Je reste allitée 3 longues semaines interminables où je me sentais très seule malgré l’entourage présent. Je ne voulais parler à personne, je voulais juste être seule. Comme si je ressentais ce qu’il allait nous arriver… comme un tsunami dans la famille.
Le verdict tombe lourd, épuisant même si nous avions peu d’espoir à chaque visite à l’hôpital. Je dois subir à nouveau une IMG, mon bébé ne pourra pas respirer à la naissance à cause du liquide et de la poche qui ne s’est jamais recolmatée.
Je tombe, on tombe, mais on est là fort en se disant qu’on ne veut pas que notre enfant souffre.
C’est terriblement dur vous savez. Je devais à nouveau accepter la mort… celle de mon autre fils.
Je n’ai pas honte de dire que c’était le plus beau et le pire jour de ma vie. J’ai donné la vie quelques secondes à mes deux plus belles étoiles.
J’étais juste devenue en maman, différente, mais je savais qu’ils avaient changé mon regard, mon âme à tout jamais.
Le lendemain, je suis rentrée à la maison. J’avais l’impression d’abandonner mes fils en les laissant à l’hopital. Un sentiment terrible. Mon cœur a brûlé pendant les deux semaines qui ont suivi.
Le désespoir et le manque m’envahissent très souvent, mais vous savez ce sont eux, ces petites âmes qui nous donnent la force de vivre.
À vous paranges, vous êtes forts, admirables. Ressourcez-vous avec votre famille, vos amis et priez pour toutes ces belles âmes parties trop tôt. En espérant un arc en ciel dans notre ciel si gris.
À nos doux petits anges, pour toujours avec nous.
Votre maman.
Laura.
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