De
Cindy Bouquemont, 2020
Avant de se réconcilier avec la vie à la naissance de Mayane, son « bébé arc-en-ciel », Cindy a dû traverser deux tsunamis, chacun lié à une problématique médicale différente. Tout commence en 2016, Cindy, déjà maman d’un petit Aaron, est enceinte de son deuxième enfant. C’est un garçon, le prénom est choisi : Mahé. « Il était porteur d’une malformation qui nous a amenés à faire une amniocentèse. J’ai attendu un mois pour avoir le résultat. Au huitième mois de grossesse, Mahé s’est révélé porteur d’une grave maladie génétique : la trisomie 9. »
« J’ai dû faire une interruption médicale de grossesse. La peine et la culpabilité sont incommensurables »
Une anomalie extrêmement rare, seuls 30 cas ont été recensés au monde. « J’ai dû faire une interruption médicale de grossesse, c’est-à-dire donner naissance à mon bébé, mais quitter la maternité sans lui », confie Cindy. Les mois qui ont suivi ont été terribles. « C’est compliqué de signer un papier qui met fin à la vie de son enfant, même si c’est pour lui éviter une vie de souffrance. La peine et la culpabilité sont incommensurables. »
Elle et son mari, Jérôme, font des tests génétiques. Les médecins les rassurent, ils ne sont porteurs d’aucune anomalie. Le couple refuse de se résigner et huit mois plus tard, Cindy est enceinte d’une petite fille, Théa, dont la naissance est prévue pour fin septembre 2017. « Le matin, quatre jours avant le terme, je sens le pied inerte de mon bébé à travers mon ventre… » Elle file à la maternité. Le cœur de son bébé ne bat plus.
« C’est très confus, on se dit qu’elle n’a pas pu mourir en une nuit alors que je devais accoucher dans quatre jours… Un accident de cordon nous a condamnés à vivre sans elle. Une fois de plus, j’ai dû accoucher d’un enfant mort, soupire-t-elle. J’avais regretté de n’avoir pas pu garder Mahé dans mes bras. Alors cette fois, j’ai tenu à porter ma fille Théa pendant une heure avant de lui dire adieu. »
Désemparée, Cindy rejoint alors sur les réseaux sociaux les communautés de parents en deuil, les « paranges », contraction des mots « parent » et « ange » pour parler librement de sa douleur. Une aide précieuse. « C’est un deuil difficile à comprendre pour ceux qui ne l’ont pas vécu. Ce qui fait du bien, c’est surtout de ne pas faire comme si rien ne s’était passé. Le silence radio des connaissances est terrible à vivre pour les parents. Car considérer cet enfant est primordial pour les parents. Il ne faut pas hésiter à utiliser son prénom. »
Puis, elle entame sa troisième grossesse : « Je ne m’attendais même plus à avoir un enfant vivant et en bonne santé. » Elle fait une échographie tous les quinze jours. « Si j’avais pu faire un monitoring tous les jours, je l’aurais fait. On perd toute logique. Mayane, notre arc-en-ciel, est née en pleine forme le 20 novembre 2018. Nous n’oublions pas nos autres enfants, mais nous nous sommes réconciliés avec la vie. »
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