Histoire d’étincelle – Mai 2020

Aujourd’hui j’écris ce texte pour toi jolie maman.
Parce que je comprends tellement ce que tu vis .Je le ressens dans tout mon être étant maman moi-même.
En moins de 24h ta vie a changé. Elle a changé pas comme il était prévu à la base qu’elle soit changée. Tu l’as su dès que tu as remarqué ce qu’il manquait. Tu le savais mais une partie de toi espérait que tu te trompes, qu’il y ait une raison des plus anodines.
Tu t’es rendue à l’hôpital afin de t’assurer que ce n’était rien, mais ils ont confirmé cette petite crainte silencieuse que tu avais.
L’amour de ta vie est déjà devenu une étoile.
Pire encore, on t’annonce que tu dois l’accoucher sachant que tu ne l’entendras pas pleurer lorsqu’il naîtra.
Mais tu fais malgré tout ton travail de maman du mieux que tu peux.

Lors de LA dernière poussée, tu ne peux t’empêcher d’écouter avec l’espoir qu’ils se seraient trompés, qu’ils auraient mal vu ou entendu. Mais le cri ne vient pas et un silence s’installe dans la pièce.
Ils te remettent dans tes bras ce petit être parfait, mais sans vie, et à ce moment, la terre arrête de tourner, le temps fige, rien ne semble réel.

Des larmes se mettent à couler sur tes joues et tu te demandes pourquoi cela arrive-t-il à plus de 40 semaines ?
La frustration s’empare de toi, ton bébé aurait dû naître bien avant et être en vie, car il l’était il n’y a que quelques heures à peine.
Tant de choses se bousculent dans ta tête . Puis, on t’offre le service d’une personne comme moi.
Je me présente quelques heures plus tard. Tu souffres, je le vois et je te comprends.  Il est parfait ce bébé.
Ton conjoint est en colère envers la vie et  je le comprends.

Moi aussi, quand je vous vois ainsi que ce petit être, je suis en colère envers la vie.
Papa vide sont coeur pendant que toi tu pleures en silence avec l’amour de ta vie dans tes bras.
Je t’explique ce que je vais faire pour immortaliser ton ange à jamais. Tu m’écoutes sans vraiment le faire. Tu te sens engourdie.
Mon cœur se serre en te regardant, car je ne peux qu’imaginer ce que tu vis et ça me fait mal.
Ton conjoint écoute à ta place. Te répète qu’il t’aime tellement, visiblement impuissant face à tout cela.
Je prends le temps de vous créer de beaux souvenirs.

Lorsque je mentionne que je fais maintenant les dernier clichés, je vois tes larmes couler de plus belle. Je me doute que c’est parce que tu sais que bientôt ils viendront  le chercher pour l’amener ailleurs. Que ce ne sera pas toi qui repartira avec ton bébé. Que la belle chambre que vous aviez préparée restera vide et que plus jamais tu reverras ton premier né.
J’aurais aimé trouver les mots pour apporter un baume sur vos coeurs, vous réconforter d’une manière ou d’une autre avant mon départ, mais je n’ai pas encore trouvé.
Pour le moment je ne peux que vous dire que je suis sensible à votre malheur et vous souhaiter que la vie vous soit maintenant clémente.
Dehors le monde tourne, inconscient du drame qui se passe dans cette pièce, inconscient de l’injustice que tu vis et que pour toi, rien ne sera plus pareil.
Sache seulement que moi, je n’oublierai jamais non plus ton bel amour et que c’est exactement pour cette raison que je fais ce que je fais dans l’espoir d’amener au deuil que tu vis un baume qui t’aidera peut-être à passer au travers.