L’autre nuit, j’ai senti un vent froid me caresser la joue alors que j’étais sous les couvertures dans mon lit bien chaud en plein hiver les fenêtres fermées. Pour un instant, j’ai cru que c’était toi. Puis, cette pensée s’est envolée. Je ne crois pas aux esprits.
Le lendemain, un autre vent froid, très distinct, m’a caressée pendant de longues minutes cette même joue alors que j’étais encore dans le noir sur le point de m’endormir. J’ai encore cru que c’était toi. J’ai voulu te sentir. J’ai voulu y croire. Pour un instant, la flamme qui allumait ce qui restait de mon cœur avant ton décès a ressurgi.
Tu étais le 4e des 5 enfants que j’ai portés. Tu n’as pas survécu comme 3 de tes frères et soeurs. Celle qui est restée s’est battue pendant plus d’une demie année à l’hôpital. Tu es arrivé quelques temps après que ta sœur soit rentrée à la maison. Ton arrivée tant célébrée dans nos vies n’a pas été à l’image de la violence avec laquelle ta vie s’est terminée. Nous avons tout fait pour te sauver.
Je me suis toujours considérée athée, dénudée de croyances. À ton décès, j’avais déjà le cœur affaibli d’une maman lionne qui s’est battue déjà trop longtemps. Et c’est à ce moment que la vie telle qu’elle est s’est révélée. Dans toute sa non dualité, sa réalité aussi pure que dure. Je me suis rendue compte que je n’étais pas aussi athée que je le croyais. Je croyais encore à une justice universelle. Mais cette journée là, j’ai réalisé qu’elle n’est pas. Tout simplement. La vie, c’est la nature telle qu’elle est sans intention.
Je n’ai jamais imploré ton âme ni imaginé ta présence depuis ton départ. Mais ces deux derniers soirs d’hiver, j’ai oublié ce que j’avais compris pour un instant seulement. La croyance que c’était toi m’a apporté un réconfort que je n’avais pas ressenti depuis bien longtemps.
Depuis ton décès j’ai toujours eu cette impression que je comprenais quelque chose que les autres ne saisissaient pas. Je crois que c’est un mélange de cette désillusion dont je parle couplée avec l’expérience de la perte la plus intime et horrible qu’il y ait. J’ai presque constamment cette impression qu’il me manque « des » parties de moi… Sauf quand j’oublie et que les yeux fermés, un vent froid me caresse la joue.
Amour.
À tous mes enfants.
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