C’est au matin de ma 29e semaine de grossesse et 5 jours que j’ai senti que quelque chose n’allait pas. Je ne sentais plus mon bébé bouger. Et 48h plus tard, j’accouchais puisque mon ressenti s’avérait réel, le cœur de mon Henry avait cessé de battre. Au moment où j’écris ces lignes, ça fait exactement 4 ans 2 mois et 22 jours que la rencontre avec mon bébé eut lieu. Les 8 heures passées avec lui ont été douces et d’une douleur indescriptible. Et ce que je ne savais pas, c’est que la douleur était pire après, quand tu rentres à la maison, les bras vides…
Aujourd’hui, j’ai le goût de t’écrire à toi. J’ai le goût de t’écrire ce que j’aurais aimé lire d’une maman endeuillée qui a pris la décision de prendre en charge son bonheur malgré la tragédie. Un message d’espoir, parce que oui, quand on prend la décision de vouloir s’en sortir, ça se peut. Et malgré la douleur qui est omniprésente, il peut y avoir quelque chose de grand qui en ressort. C’est de ça, dont j’ai le goût de te parler.
J’ai le goût de te dire de prendre ton temps, de rester connecté à ce que tu vis et de prendre le temps de vivre ce que tu as à vivre. Ne bouscule rien. Pleure tant que tu veux… Et tant pis ceux que ça dérange, t-e-l-l-e-m-e-n-t ! J’ai aussi le goût de te dire que ce n’est pas de ta faute. Et si, comme moi tu cherches à donner un sens à cette tragédie plutôt que d’en vouloir à la vie ou à toi-même, laisse le temps faire les choses…J’aurais pu en vouloir à la vie, j’aurais pu m’auto-saboter, ça m’appartenait de choisir mon attitude face à cette épreuve terrible. Aujourd’hui, je suis capable de dire qu’Henry m’a appris beaucoup de choses dont celle de choisir mon attitude tout en restant connectée à moi-même, et ce, malgré ce que les gens peuvent bien penser. C’est un grand apprentissage hein? Et ça s’applique à pleins de situations dans ma vie. Je ne me souviens plus exactement quand je l’ai compris ce message que mon petit bonhomme a voulu me transmettre, ce n’était certes pas dans les premières semaines…S’il vous plait, ne te compare pas et ne te mets pas de pression.
J’ai le goût de te souhaiter comme moi, d’arriver à un moment où tu décideras de vouloir t’en sortir grandi. Toutefois, ne te mets pas de stress, quand tu prendras la décision, ça sera le bon moment pour te relever. Et peut-être que, tout comme moi, ça te demandera une force gigantesque et un courage jamais connu auparavant. À plusieurs reprises, j’aurais trouvé cela beaucoup plus facile de rester dans mon lit à pleurer en petite boule, mais j’avais pris la décision de me battre pour retrouver mon bonheur. Ma recette? Prendre un jour à la fois, marcher et prendre le temps d’observer la nature, provoquer des rencontres avec des gens inspirants, suivre une thérapie, m’inscrire à un cours de yoga, écrire, pleurer aussi souvent que j’en avais envie, me coller sur ma grande Élana et me blottir au creux des bras de mon homme, sans dire un mot. J’ai goûté aux bienfaits du silence parce que parfois, on ne trouve pas de mots et le silence se charge de faire comprendre à l’autre. Je te souhaite de trouver ta recette à toi, celle qui te fera du bien.
J’ai participé récemment à un projet, dont je suis très fière, réalisé par l’hôpital Ste-Justine. J’ai eu le courage de participer à ces capsules pour toi et pour tes proches, mon plus grand souhait étant d’aider les gens qui seront confrontés au deuil périnatal. Si tu en as le goût, je t’invite à visionner les 4 capsules et également, les partager à tes proches. Ils en ont besoin pour comprendre, aide-les.
En terminant, je te souhaite de te faire douceur durant cette période qui est extrêmement douloureuse.
Avec beaucoup de tendresse,
Mélanie, maman d’Élana (9 ans), de Léanie (1 an) et d’Henry (décédé en juillet 2015)
Références : https://www.chusj.org/fr/soins-services/C/complications-de-grossesse/Deuil-perinatal-mort-perinatale/Videos
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